
Ce
matin ses yeux se sont clos, |
Il
est mort d'une mort très douce. |
On
n'entendra point de sanglots.... |
On
l'enterrera sur la mousse. |
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Oui,
ce matin, l'hivert est mort : |
On
va le clouer sous la planche. |
Il
est là, le bon vieux, qui dor, |
Avec
sa grande barbe blanche, |
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Et
sur sa poitrine ses mains |
Suivant
l'usage sont croisées.... |
Ouvrez,
aux parfums des jasmins |
Et
des jacinthes, les croisées !... |
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Le
lis fleurit et le glaïeul, |
Le
Genet d'or et la pervenche. |
l'Hivert est mort, ce triste aïeui : |
Le
jeune Avril prend sa revanche. |
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Pour
donner son congé à l'hivert, qui pouvait mieux qu'Edmond
Rostand trouver les mots spirituels et ingénieux ? Jamais l'exquis
poète, dont la fantaisie exelle à rajeunir les thèmes
éternels, n'a été mieux inspiré que dans
cette pièce délicieuse par son tour ironique et tendre.
Et
chacune avec son chacun |
S'en va ; - les fillettes sont roses. |
Monsieur
l'hiver est bien défunt.... |
Metton
sur sa tombe des roses ! |
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Dans
son soleil, dans son parfum, |
On
n'a point de regrets moroses ! |
Monsieur
l'hiver est bien défunt : |
Mettons
sur son cercueil des roses ! |
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On
murmurait déjà : vraiment |
Il
est temps que ce vieillard meure !... |
Nous
le suivrons dans un moment |
Jusqu'à
sa dernière demeure. |
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On part. Derrière le cercueil, |
Sous
les branches, va le cortège, |
Et les pommiers prennent le deuil |
Tout
pavoisés de fleurs de neige. |
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On
dépèche les oraisons. |
Le
Pauvre vieux, nul ne le pleure ! |
Sous
les nouvelles floraisons |
Riont
les couples tout à l'heure ! |
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